"CHERcheursPanthéonAssas"
ASSOCIATION DES CHERCHEURS
PARIS-PANTHéON-ASSAS-UNIVERSITé
"CHERcheursPanthéonAssas"
L
Enseignants-Chercheurs, Docteurs, Doctorants (toutes écoles doctorales et Centres de recherche),
Droit, Science politique, Sciences économiques et de gestion, Science de l'information, Philosophie, Anthropologie, Histoire du droit
créée en 2016, L’association a pour objet l’organisation d’activités et d’événements en relation avec les projets de
recherche de ses membres et la promotion des échanges scientifiques et pluridisciplinaires entre chercheurs.
L'histoire de l'université Panthéon-Assas traverse les siècles, porteuse de valeurs que l'ensemble de la communauté universitaire continue d'honorer aujourd'hui encore. Accomplissement dans l'excellence et le respect des personnes, liberté de pensée, attachement à l'institution et à ses traditions, autant de raisons qui nourrissent le sentiment d'identité et d'appartenance à l'université.
La salle des Conseils
CHERPA
contact: bureau@chercheursassas.com
Le Doctorat à Assas
nouveau
- LA FORMATION DE L'ESPRIT SCIENTIFIQUE -
Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain: c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire» mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation.
Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique.
Paris, Librairie philosophique Vrin, 1999 (1ère édition : 1938), extrait du chapitre 1er.
Lire et relire le marchand de Venise
Philippe Raynaud
Qu'est-ce que la recherche en droit ?
QU’EST-CE QU’UNE RECHERCHE JURIDIQUE ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les juristes ne savent pas répondre à une question aussi simple que celle de savoir ce qu’est une recherche juridique. Pourtant, il paraît difficile de prétendre évaluer la recherche juridique si l’on ne sait d’abord dire quelle recherche mérite cette épithète. Par tradition, les juristes perpétuent l’idée que le cœur de leur recherche consiste en une interprétation des textes sans pour autant fournir un critère qui permette de distinguer l’interprétation juridique d’autres formes d’interprétations. Bien au contraire, le droit ne cesse d’être rapproché ou confondu avec d’autres domaines voisins. Parce que le droit est implicitement défini comme un ensemble de règles, il devient difficile de le distinguer de la morale. Parce que le droit est présenté comme une interprétation de textes, il devient également difficile de le distinguer de l’exégèse religieuse ou de l’interprétation littéraire. Encore, parce que le droit s’exprime au moyen d’un langage, il est tentant de le ramener à une forme de linguistique ou de philosophie du langage. En définitive, la recherche en droit perd toute spécificité, tout caractère propre. Un signe significatif de la perte de spécificité du juridique est que les non-juristes s’étonnent même de ce que la recherche en droit puisse exister alors que peu de personnes doutent par exemple du fait que les sociologues font ou produisent une recherche. Cette lacune dans la théorisation de la juridicité de la recherche est particulièrement grave : aucun critère sûr n’existe pour savoir ce qui relève d’une recherche juridique ou ce qui relève d’un autre champ du savoir. L’évaluation des thèses de doctorat, des articles ou d’autres contributions repose largement sur une appréhension intuitive. Une définition de la recherche juridique doit donc permettre très concrètement d’argumenter l’exclusion ou l’admission de travaux qui se présentent comme juridiques. Les instances d’évaluation, quelles qu’elles soient, devraient être en mesure de dire pourquoi la recherche ne relève pas de leur champ disciplinaire. Cette exigence de rigueur paraît minimale. Pourtant, c’est bien l’inverse qui se produit pour l’instant. En effet, c’est sans justification explicite que certains travaux de recherche sont pris comme des exemples ou des modèles de référence qui permettent de désigner ce qu’il faut entendre par une recherche juridique . Cette absence de critère sûr de délimitation entre ce qui est juridique et ce qui ne l’est pas conduit à un certain relativisme dans la détermination du savoir juridique. Même si en France les études empiriques de l’activité des tribunaux ne sont pas considérées comme un travail de recherche véritablement juridique on ne sait dire exactement pour quelle raison il faudrait les écarter du savoir juridique. Les études du droit positif sont considérées comme plus juridiques que d’autres mais la seule raison qui est avancée tient à la théorie des sources du droit. Pourtant, cette théorie désigne un champ d’investigation (loi et jurisprudence) sans dire quelles méthodes exactes il faudrait utiliser pour étudier ce champ.
QU’EST-CE QU’UNE RECHERCHE JURIDIQUE ? in L’évaluation de la recherche en droit : enjeux et méthodes,
Bruylant, 2014, p.117-137 Frédéric Rouvière Professeur des Universités, Laboratoire de Théorie du Droit.
2024
PHILOSOPHIE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
La recherche peut-elle être étudiée d'une manière qui n'est ni reconstruction logique, ni psychologie empirique, ni sociologie ? Pratiquement toutes les écoles importantes dans la philosophie contemporaine des sciences répondraient négativement. On esquisse ici une théorie de la recherche qu'on pourrait appeler ' théorie de systèmes ' ou ' praxiologie ' grâce à plusieurs modèles : modèles des facteurs qui gouvernent une entreprise de recherche, qui donnent à une tradition de recherche sa direction. (Ils peuvent être employés pour styliser la Science Normale et les Changements de Paradigme). Les modèles de la dynamique du processus de recherche vus comme une coagence de phases du travail « théoriques » et « empiriques ». (Cela nous aide à comprendre pourquoi des changements de paradigme arrivent normalement de temps en temps). Modèles de critères pour évaluer les résultats de la recherche. On soutient qu'il y a aussi des types de critères pour évaluer les changements de paradigme. (La thèse de l'incommensurabilité est considérée comme une renaissance de la problématique de l'historicisme — relativisme herméneutique). Ensuite les modèles sont employés dans la réflexion sur ellemême de la théorie de la recherche. On conclut avec des remarques sur les relations de la théorie de la recherche et de la philosophie.
RADNITZKY, Gérard. “PHILOSOPHIE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE.” Archives De Philosophie, vol. 37, no. 1, 1974, pp. 5–76. JSTOR, www.jstor.org/stable/43036188. Accessed 28 Nov. 2020.
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Greffet, Fabienne. « Le web dans la recherche en science politique. Nouveaux terrains, nouveaux enjeux », Revue de la BNF, vol. 40, no. 1, 2012, pp. 78-83.
Le web dans la recherche en science politique
La généralisation de l’internet travaille la science politique comme les autres sciences sociales. Car celui-ci génère, particulièrement sur le web, des espaces de pratiques socio-politiques nouvelles ou inaccessibles auparavant aux chercheurs. Cela représente un défi, à la fois d’un point de vue méthodologique, et d’un point de vue conceptuel, avec des notions émergentes telles que celles de «?e-participation?» ou de «?cyber-parti?».
À la fin des années 1990, Manuel Castells évoquait l’avènement d’une «?société?en réseaux?», caractérisée par des processus de réorganisation de l’économie et de la vie sociale autour des flux et des usages des technologies d’information. Même si le caractère par trop généralisant de cette thèse peut être contesté, des évolutions liées à l’appropriation des technologies de l’information et de la communication s’observent aujourd’hui dans différents domaines, tels que la production et la diffusion d’informations, les comportements d’achats ou les modalités de la communication interpersonnelle. Les sciences sociales, et parmi elles la science politique, apparaissent également travaillées par ces transformations, accompagnant entre autres la généralisation de l’internet. En s’en tenant au web en démocratie –?ici, le «?web politique?», même si l’expression prête à discussion dans un cyberespace difficilement sécable où prévaut le mélange des genres?–, on constate que celui-ci ouvre de nouveaux terrains et de nouveaux enjeux pour la recherche en science politique. Il s’agit en effet d’intégrer aux études de science politique existantes ce qui se produit sur les sites, blogs ou réseaux sociaux en ligne et d’y associer des méthodes d’archivage et d’analyse qui permettent de rendre compte de ce matériau.
Le recueil, le traitement des corpus du web et la complémentarité entre ce qui s’observe en ligne et hors ligne constituent les dimensions fondamentales du balisage de ces nouveaux terrains. Parallèlement, les développements du web renouvellent des questionnements plus conceptuels de la discipline science politique, par exemple autour de la démocratie, de l’organisation des partis ou de la participation politique. La science politique, comme les autres sciences sociales, est ainsi amenée à se saisir du web à la fois comme «?terrain?» et comme «?objet à penser?», qui travaille les catégories de la discipline.
LA RECHERCHE EN ANTHROPOLOGIE DU DROIT
Pour une anthropologie du droit - Professeur Etienne Le Roy
L’étude et l’interprétation anthropologique des systèmes juridiques sont encore trop rarement pratiquées pour que nous ne soyons interrogés légitimement sur leur bien fondé. En effet, seuls quelques cénacles, répartis aux quatre coins du monde, participent au développement de cette discipline nouvelle.
Les premiers résultats commencent seulement à être publiés et, c’est à partir de ces derniers qu’il apparaît intéressant d’opérer une évaluation de cette pratique scientifique en analysant successivement les conceptions qui président à la définition de notre objet scientifique, puis à des aspects significatifs de notre problématique.
En définissant son objet scientifique, l’anthropologue du Droit se heurte, nolens volens, à une conception dominante du système juridique, véhiculée par sa formation universitaire initiale et par la structure institutionnelle du Droit occidental.
Un approfondissement de cet objet passe donc par une critique de la conception dominante, grâce aux ressources qu’offre une approche anthropologique. C’est donc après avoir dégagé les incidences générales d’une attitude anthropologique que nous en verrons les applications dans une nouvelle approche du Droit.
Étienne Le Roy, « Pour une anthropologie du droit »
Revue interdisciplinaire d'études juridiques, 1978/1 (Volume 1), p. 71-100. DOI : 10.3917/riej.001.0071. URL : https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-d-etudes-juridiques-1978-1-page-71.htm
Etienne Le Roy
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Les modes juridiques de solution des conflits chez les Inuit
Norbert rOULAND