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SPINOZA à ASSAS

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          Traîné dans la boue ou porté aux nues depuis trois cent cinquante ans, Spinoza est vénéré comme un saint homme ou redouté comme un diable. A son sujet, pas de demi-mesure : ce philosophe est menace suprême ou sauveur incomparable. Tant de passions contraires intriguent et déconcertent à propos d’un homme finalement si calme, autour d’une œuvre si dense, et si difficile. ». Ces phrases, rédigées par Roger-Pol Droit, illustrent le paradoxe qui entoure Baruch Spinoza, un auteur déroutant, mais qui sut remarquablement tracer son chemin dans la philosophie. Quel mystère se cache derrière ce commerçant d’Amsterdam, polisseur de verres de lunettes, éminent représentant du rationalisme et contemporain de René Descartes ? 

          Baruch Spinoza naquit à Amsterdam, sceau du libéralisme et de la culture littéraire et artistique du 17e siècle. Fuyant l’inquisition hollandaise du 20e siècle, sa famille s’était installée aux Pays-Bas afin de pouvoir pratiquer la religion librement. Spinoza brilla par ses connaissances talmudiques, son érudition philosophique et la finesse de son mode de raisonnement. Le jeune Baruch semblait même destiné à devenir rabbin. Qui aurait pu imaginer qu’à 23 ans, à peine, il serait frappé d’un hérem, le bannissant de la communauté, dans la grande synagogue d’Amsterdam, le 27 juillet 1656 ? Le châtiment fut sévère puisque la sanction prononcée à son insu ne fut jamais levée. Que lui reprochait-on ? Il est très délicat de répondre à cette question. La seule affirmation « Deus Sive Natura » ne peut pas expliquer à elle-seule son excommunication. En refusant la dualité entre la nature et Dieu, Descartes avait rompu avec la dualité entre le divin et le monde, inhérent aux dix paroles principielles de Dieu. Dieu et la nature sont des synonymes. Le rôle de Dieu dans la providence se retrouve limité car il est immanent à la nature. Albert Einstein écrivit : « je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l’harmonie de tout ce qui existe, non en un Dieu qui se préoccupe du destin et des acteurs de l’humanité. »  

            Baruch Spinoza rédigea plusieurs (chefs-)d’œuvre : Principes de la philosophie de Descartes (1663), le célèbre Tractatus théologico-politicus (1670), Ethique, Traité de la réforme de l’entendement et Traité politique, tous les trois publiés à titre posthume. Garant de l’émancipation des individus face aux servitudes, il proposa également une philosophie pleine de joie et de béatitude grâce à la connaissance. La méthode axiomatique de Spinoza lui confère une profondeur rare et fait de lui un auteur unique en son genre, intemporel et qui continue de déchaîner les passions.

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