LIBERTE NEGATIVE - LIBERTE POSITIVE

L’historien et philosophe britannique, Isaiah Berlin, a élaboré deux conceptions de la liberté dans son fameux essai « Two Concepts of Liberty » en 1958. Dans son acception négative, la liberté s’entend en termes d’absence d’interférences : « je suis libre dans la mesure où personne n’intervient dans mon activité », écrit Berlin. Cette définition de la liberté est éminemment juridique. L’article 39 de la Magna Carta de 1215 confère une dimension négative à la liberté, que soutient Berlin : « Aucun homme libre ne sera emprisonné ou jugé, ni dépossédé de ses droits ou de ses biens, ni déclaré hors la loi ou exilé, ni privé de son statut de quelque manière que ce soit sans un jugement légal de ses pairs ou selon les lois du pays. ». La liberté positive, qu’il redoutait davantage, ne confère pas une portée formelle ou juridique à la liberté mais réelle, voire métaphysique : « je veux que ma vie et mes décisions dépendent de moi-même et non pas de forces extérieures, quelles qu'elles soient. » (Isaiah Berlin, Two Concepts of Liberty, 1958).

Contrairement à d’autres distinctions binaires de la liberté (libertés réelles/libertés formelles ; liberté des Anciens/liberté des Modernes ; libertés individuelles/libertés collectives), la dichotomie entre la liberté négative et la liberté positive est fragile. Ne serait-il pas préférable de les associer plutôt que de les opposer ? Isaiah Berlin, lui-même, semblait réticent à ce que l’on distingue trop rigoureusement ces deux conceptions de la liberté, qui ont émergé principalement au début du XXe siècle en Italie, mais que l’on associe désormais à Isaiah Berlin. Quelle valeur ajoutée a-t-il apportée à cette distinction au point d’éclipser les autres penseurs de la liberté négative et de la liberté positive ?