"CHERcheursPanthéonAssas"
ASSOCIATION DES CHERCHEURS
PARIS-PANTHéON-ASSAS-UNIVERSITé
"CHERcheursPanthéonAssas"
"Berlin in Paris"
CYCLE "ISAIAH BERLIN IN PARIS"
"PARIS EVENT ON ISAIAH BERLIN" 2017
" THE ROOTS OR VALUE PLURALISM" 2023
Contact:
LLe droit dans la pensée d'
samedi 18 novembre 2023 à 14h (entrée libre)
- Centre Panthéon - Salle des Fêtess (2e étage, esc. M) -
ENTRETIEN AVEC JOHAN SAÏD
"THE ROOTS OF VALUE PLURALISM"
Johan Saïd est à l'origine d'une thèse qui porte sur "la postérité d'Isaiah Berlin". Il a souhaité par cet entretien apporter un éclairage original sur l'oeuvre de ce philosophe et historien des idées au style particulier.
Né à Riga en 1909, Isaiah Berlin, que l’on qualifie à la fois d’historien des idées et de philosophe de la liberté, assista aux deux révolutions russes de 1917 à Petrograd. Si la première avait été plutôt bien accueillie par les Juifs libéraux, il conserva un souvenir très douloureux de la seconde, qui participa de sa défiance pour les théories monistes et les régimes autoritaires. Lors de son arrivée en Angleterre, à douze ans à peine, il découvrit un pays qui lui plut et auquel il resta attaché toute sa vie, car il incarnait la « société décente » qu’il appelait de ses vœux. Berlin réussit un cursus universitaire de grande qualité, qui le propulsa à la Chaire Chichele de théorie politique et sociale à Oxford. Essayiste et orateur aussi charismatique qu’atypique, il écrivit un ouvrage sur Karl Marx en 1939, dans lequel il affirma, entre autres, que le Stalinisme n’avait pas rompu avec le Marxisme, mais s’était, au contraire, enraciné dans ce courant philosophique en le pervertissant.
Alors que Marx connaissait un succès grandissant en Occident, y compris au Royaume-Uni, son ouvrage fit l’objet de nombreuses critiques. Berlin avait écrit ce livre, par nécessité, au regard de la progression du Marxisme dans le monde, mais avait pris davantage de plaisir dans son travail en amont, en découvrant les Encyclopédistes et les socialistes utopistes.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Berlin travailla notamment à l’ambassade de Grande-Bretagne à Washington, où il devait dresser un compte rendu hebdomadaire sur l’état de l’opinion américaine à Winston Churchill. A la fin de Guerre, on lui proposa de rédiger un rapport en URSS sur les relations diplomatiques entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Durant cette courte période, il eut la chance de rencontrer des auteurs de génie, parmi lesquels Boris Pasternak et surtout, Anna Akhmatova, « l’un des souvenirs les plus forts – peut-être le plus fort- de sa vie ». Leurs entrevues déplurent profondément à Staline. La poétesse russe estima même, plus tard, que ses discussions philosophiques et politiques avec Berlin, qui était considéré comme un ennemi par les Soviétiques, avaient constitué le point de départ de la guerre froide.
A son retour en Angleterre, Isaiah Berlin s’engagea en faveur de la création d’un Etat sioniste. Regrettant que la diaspora juive fût tombée dans le mirage de l’assimilation, il considéra la proclamation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion comme un miracle pour les Juifs, qui pouvaient recouvrer leur liberté en Israël ou améliorer leurs conditions diasporiques, par une libération psychique. En 1958 également, il distingua, parmi plus de deux cents acceptions de la liberté, celles qui correspondirent le mieux à la réalité politique du 20e siècle :
la liberté négative et la liberté positive.
Si la première se définit par une déliaison par rapport à toute contrainte extérieure, la seconde confère à l’individu la faculté de décider par lui-même et d’être maître de son destin. Bien que les adjectifs « négatif » et « positif » soient antonymiques sémantiquement, la société idéale de Berlin ne doit pas les dissocier, mais les associer, afin que les êtres humains puissent détenir une sphère privée, nécessaire à la préservation de leurs libertés individuelles, et s’accomplir en participant à la vie sociale et politique de leur pays. Notre auteur releva, cependant, que la liberté positive était davantage susceptible de dépravation par les gouvernements, qui imposèrent leurs décisions arbitrairement, au prétexte que des individus rationnels auraient agi de la même manière.
"Entretien avec Johan Saïd"
SAMEDI 18 NOVEMBRE 2023 à 14h (entrée libre)
Centre Panthéon - Salle des Fêtes (2e étage, esc. M)
Johan Saïd est à l'origine d'une thèse qui porte sur "la postérité d'Isaiah Berlin". Il a souhaité par cet entretien apporter un éclairage original sur l'oeuvre de ce philosophe et historien des idées au style particulier.
Passionné par l’intelligentsia russe, Isaiah Berlin cultiva également un intérêt particulier pour des auteurs peu étudiés, comme Vico et Herzen, son « héros pour la vie ». En revanche, il consacra, avec un débit torrentiel, plusieurs émissions sur les auteurs qu’ils nommaient « les traîtres de la liberté » à la radio de Londres, la BBC, et notamment sur Rousseau, qu’il présenta comme étant « l’un des ennemis les plus sinistres et les plus redoutables de la liberté dans toute l’histoire de la pensée moderne ». Il mourut en 1997 à Oxford, laissant derrière lui l’image d’un penseur incontournable du 20e siècle, un défenseur des libertés individuelles, un professeur aussi éloquent que perspicace, aux essais abondamment commentés, mais à la postérité finalement assez limitée.
Johan SAÏD - 2023